La Nouvelle-Calédonie traverse une période charnière : violentes émeutes en mai 2024, une chute vertigineuse du PIB (environ 15 %), emplois perdus, usines en difficulté. Plus d’un an plus tard, les entreprises comme l’économie locale peinent encore à s’en relever. Pour continuer à investir, remplacer du matériel ou développer de nouvelles activités, elles ont besoin d’un véritable soutien. Pour y faire face, les entreprises peuvent s’appuyer sur la défiscalisation Girardin. Ce dispositif permet de financer du matériel productif neuf ou de contribuer à la construction de logements sociaux, tout en réduisant le coût réel du projet pour l’exploitant. La loi Girardin, adaptée aux réalités calédoniennes, reste aujourd’hui un appui précieux pour aider les sociétés à redémarrer et pour participer à la reconstruction du territoire.
Après la crise de 2024, une économie calédonienne fragilisée
La Nouvelle-Calédonie occupe une place bien spécifique au sein de la République française. Elle est dotée d’un statut d’autonomie élargi. Cette collectivité d’outre-mer (COM) gère directement une partie de ses compétences économiques et fiscales. Cela étant, l'éloignement de la métropole et sa dépendance à un secteur dominant, le nickel, la rendent particulièrement vulnérable aux crises (mondiales et locales).
L’année 2024 en est un exemple assez parlant. En mai de cette année, la contestation de la réforme du corps électoral a dégénéré en émeutes. Ces violences, parmi les plus graves qu’ait connues le territoire depuis des décennies, ont causé plus de 2 milliards d’euros de dégâts et plongé l’économie dans une récession historique.
Elles ont paralysé le territoire déjà fragilisé par la crise du nickel (chute des cours mondiaux, fragilité des usines locales…). Le produit intérieur brut (PIB) a chuté de près de 15 % en un an. En parallèle, plus de 11 000 emplois ont été détruits. Ces chocs ont mis à l’arrêt de nombreux projets et ont affaibli les entreprises locales.
Un an plus tard, malgré quelques signes timides de reprise, le tissu économique reste vulnérable. La consommation demeure en berne et de nombreuses sociétés n’ont pas rouvert leurs portes. Pour ces entreprises, les difficultés restent concrètes. Beaucoup peinent à accéder aux financements pour entreprises, et doivent pourtant remplacer du matériel devenu obsolète ou détruit lors des émeutes. L’agriculture, le BTP, le tourisme ou encore les transports figurent parmi les secteurs les plus touchés.
Bon à savoir :
- Le taux de chômage en Nouvelle-Calédonie reste élevé, autour de 13 % en 2024, avec des pics beaucoup plus importants chez les jeunes.
- Le territoire fait face à un déficit estimé à plus de 10 000 logements sociaux, un chiffre qui ne cesse de croître avec la pression démographique et la hausse des inégalités.
Relancer l’activité économique de la Nouvelle-Calédonie grâce au dispositif Girardin
Comment fonctionne le dispositif Girardin ?
La défiscalisation Girardin est un dispositif conçu pour soutenir le développement économique et social des territoires ultramarins. Son principe est simple : des investisseurs métropolitains financent, via une société de portage, du matériel neuf ou des projets de logements sociaux, et les entreprises locales en bénéficient directement.
Deux volets coexistent :
- Le Girardin industriel, qui permet à une société calédonienne d’accéder à des équipements productifs (engins de chantier, véhicules utilitaires, matériel agricole, bateaux de pêche, etc.) sans en supporter le coût intégral. Le matériel est d’abord financé par une société de portage, loué à l’entreprise pendant une durée de 5 ans, puis, si l’entreprise souhaite le conserver, cédé à un prix réduit convenu au départ.
- Le Girardin logement social, qui contribue à résorber le déficit de logements en outre-mer. Les financements sont mobilisés via une société de portage et gérés par des opérateurs spécialisés, afin de construire ou rénover des habitations accessibles aux populations locales.
Pour les entreprises calédoniennes, ce mécanisme représente un vrai coup de pouce. Grâce au Girardin, les entreprises peuvent investir dans du matériel qu’elles n’auraient pas pu financer seules. C’est aussi un moyen concret de renouveler leurs outils de production et de repartir sur des bases solides.
Quels sont les avantages du dispositif Girardin industriel pour les entreprises calédoniennes ?
Le dispositif Girardin industriel permet aux entreprises locales d’accéder à du matériel productif neuf qu’elles n’auraient pas pu financer seules. Plutôt que de devoir supporter immédiatement un investissement lourd, elles disposent des équipements pendant plusieurs années grâce à un contrat de location. À l'issue de cette période, l’entreprise locale devient pleinement propriétaire du matériel, conformément aux conditions fixées dès le départ par le dispositif.
Concrètement, cela peut représenter :
- un tracteur ou un système d’irrigation pour une exploitation agricole ;
- une mini-pelle ou un camion pour une société de BTP ;
- des véhicules utilitaires pour une entreprise de transport ;
- ou encore un bateau de pêche pour un professionnel de la mer.
Pendant la durée du contrat (généralement cinq ans), l’entreprise verse un loyer réduit (souvent 25 à 30 % inférieur à ce qu’elle aurait payé via un crédit classique, notamment grâce à l’apport des investisseurs via la société de portage). Ce fonctionnement lui permet de moderniser ses outils de travail, de préserver sa trésorerie et de se concentrer sur son activité.
Un dispositif qui profite aussi au territoire et à ses habitants
Si la défiscalisation Girardin s’adresse en premier lieu aux entreprises, ses effets dépassent largement le cadre entrepreneurial. Chaque projet financé contribue à dynamiser le tissu économique calédonien et à améliorer le quotidien des habitants.
D’abord, parce qu’il soutient la création et le maintien d’emplois locaux. L’accès à du matériel neuf permet aux professionnels de développer leur activité et donc d’embaucher. Dans un territoire où le taux de chômage dépasse encore les 13 %, cet impact est loin d’être négligeable.
Ensuite, le Girardin (logement social) participe directement à répondre à l’un des plus grands défis sociaux de la Nouvelle-Calédonie : le manque de logements sociaux. Avec un déficit estimé à plus de 10 000 logements, chaque opération de construction ou de rénovation financée grâce à ce dispositif permet de loger des familles dans des conditions dignes et de réduire les inégalités.
Enfin, au-delà des chiffres, chaque projet concret compte. Lorsqu’un gîte touristique rouvre, qu’une exploitation agricole repart ou qu’une résidence sociale accueille ses premiers habitants, c’est tout un territoire qui reprend espoir. Ces réalisations montrent que, malgré les épreuves, la Nouvelle-Calédonie a les moyens de se reconstruire.
Défiscalisation Girardin en Nouvelle-Calédonie : tout ce que vous devez savoir
Quels sont les risques associés à l’investissement en Nouvelle-Calédonie avec le dispositif Girardin ?
Les principaux risques incluent la non-réalisation du projet (par exemple, en cas de défaillance de l’entreprise exploitante) et la requalification fiscale (si le matériel ne répond pas aux critères du dispositif). Pour limiter ces risques, certaines sociétés de portage proposent des garanties financières et fiscales (comme la G3F chez Inter Invest).
Mon entreprise a bénéficié d’un financement par le biais du dispositif Girardin. Est-il toujours possible de profiter d’autres aides locales pour l’expansion de mon activité ?
Oui, il est possible de combiner le dispositif Girardin avec d’autres aides locales ou subventions, à condition, toutefois, que les règles spécifiques de chaque aide soient respectées.
Comment une entreprise calédonienne profite-t-elle concrètement du dispositif Girardin ?
Le principe est simple : une société de portage achète le matériel (par exemple un tracteur, une mini-pelle ou un camion) et le met à disposition de l’entreprise locale via un contrat de location de cinq ans.
Pendant cette période, l’entreprise paie un loyer réduit (environ 25 à 30 % de moins qu’avec un crédit bancaire classique) ce qui lui permet de préserver sa trésorerie. À l’issue du contrat, elle rachète le matériel pour un prix symbolique et en devient pleinement propriétaire. Résultat, elle a pu utiliser immédiatement un équipement neuf, sans bloquer trop de capital et en continuant à investir dans le reste de son activité.
Le dispositif Girardin existe-t-il encore en Nouvelle-Calédonie malgré les crises récentes ?
Oui, le Girardin reste en vigueur et continue de financer aussi bien du matériel productif que des projets de logements sociaux. Après les émeutes de 2024, l’économie locale reste fragilisée. Le Girardin permet à des entreprises de se rééquiper et, à travers elles, de faire vivre l’emploi et les familles calédoniennes.